L’année 2023 qui s’achève aura durablement fragilisé nos finances. Nous avons été en mesure de maîtriser certaines de nos dépenses les plus importantes telles que la masse salariale, les dépenses pour l’alimentation et les investissements. Mais nous avons subi de plein fouet l’augmentation du coût de l’électricité (de 56 000 € en 2022 à près de 110 000 € en 2023 sans avoir augmenté le nombre de kWh consommés), l’augmentation des coûts d’entretien de la maison et du matériel agricole ainsi que ceux de la nourriture des animaux. Le budget 2024 s’annonce difficile à construire pour rétablir l’équilibre de nos comptes.
Après bientôt trois ans passés à la présidence de l’association, j’ai souhaité lancer un débat sur l’évolution de la gouvernance à Carles. Par cette démarche, j’ai voulu interroger le conseil d’administration, non seulement sur le « qui décide ? », mais aussi sur « qui participe à la prise de décision », « existe-t-il des lieux de débats dans la communauté », etc. Cette démarche nous avait d’ailleurs été préconisée dans les conclusions du DLA en 2021, il nous fallait y donner une suite et ce sera fait début 2024.
Parmi les projets que nous préparons pour l’an prochain, l’un concerne la maîtrise de nos coûts énergétiques. Nous venons de lancer un audit énergétique qui devrait nous permettre, sur la base d’un diagnostic détaillé de nos consommations, de transformer une partie de nos dépenses de consommation en dépenses d’investissements pour produire de l’énergie renouvelable et réduire notre consommation totale.
L’autre projet pour l’avenir est bien moins avancé mais il faut que nous parvenions à mettre en place le cinquième pilier de notre politique d’accueil, à savoir la possibilité de proposer, à ceux qui le demandent, un réseau local efficace de soins pour mieux les accompagner dans leur combat quotidien face aux addictions. Pour y parvenir, il faudra avoir une approche volontariste et novatrice tant l’offre de soins actuelle est en grande difficulté pour faire face à l’ampleur de la demande. Pour mémoire les quatre piliers du Lieu à Vivre du Mas de Carles sont : l’hébergement, la vie en commun, l’accès à la citoyenneté et l’activité économique (cf. Les cahiers du Mas de Carles n°3 page 36 de l’édition 2022).
Avant de terminer l’année nous retiendrons du discours d’Olivier de Schlutter rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté (texte à lire en avant-dernière page de cette lettre) que la pauvreté est une atteinte aux droits humains. Ici comme ailleurs. Que nous devons prendre conscience et lutter contre la criminalisation de la pauvreté, que ce soit pour protéger et donner un accès au logement aux locataires pauvres mais aussi pour affirmer que les bénéficiaires de RSA ne doivent pas être stigmatisés mais accompagnés vers des conditions d’une existence moins précaire qu’ils n’ont pas choisie. Que seule l’éducation des enfants issus des famille pauvres peut apporter une solution d’avenir à cette question.
Mais pour atteindre cet objectif il faut donner les moyens à l’école de casser l’exclusion sociale : « L’école est le socle de notre démocratie. Or, aujourd’hui, notre système scolaire est terriblement inégalitaire. Il favorise les plus aisés qui ont les codes de l’école et laisse sur le bord de la route les plus fragiles. Nous devons tout faire pour que notre école tienne la promesse républicaine de permettre à tous, quelle que soit leur origine, de réussir et de choisir sa voie et par là même son avenir. » (Extrait de l’introduction de « Quand les sans-voix parlent de l’école » de Marie-Aleth GRARD présidente d’ATD Quart Monde France).
Nous aurons peut-être le plaisir de vous croiser à Carles les 18, 19 ou 20 décembre à l’occasion de notre premier marché de Noël.
Je vous souhaite, au nom de l’ensemble de la communauté de Carles, de passer de bonnes fêtes de fin d’année.
Joël Aymard
Président Mas de Carles